Le corps joue un rôle très important dans un cheminement spirituel. Pourtant, il est difficile de comprendre quelle est sa juste place pour que puisse s’opérer en nous une véritable réalisation spirituelle. L’expérience de la Présence peut sembler parfois nous affranchir totalement du corps par le fait d’une ouverture à un champs de Conscience infini, Témoin ultime. Pour autant, le corps restera un obstacle ou un poids mort tant que nous ne l’aurons pas intégrer dans notre pratique. Trois étapes sont nécessaires dans une quête intérieure pour réussir à transmuter le corps-obstacle en corps-soutien : acceptation, dépassement et intégration. Ces étapes sont des préparatifs essentiels pour découvrir et approfondir la Présence. Je vous explique tout cela.

Notre rapport au corps doit changer, autant dans nos perceptions et pratiques positives que négatives. Il nous faut réussir à accepter, dépasser puis intégrer le corps lors de notre cheminement intérieur. En fait, ces trois processus opèrent plus ou moins en même temps car ils sont complémentaires et se nourrissent l’un l’autre. Nous allons regarder ce que signifie ces processus pour un chercheur spirituel engagé sur le Chemin.

Acceptation :

Obstacle ou simple nœud ?

Le corps est souvent perçu comme un obstacle en spiritualité et non sans raison. Car c’est par le corps que se manifestent beaucoup de nos souffrances et blocages. Pour autant, ce n’est pas la faute du corps, il ne fait que subir un grand nombre de facteurs : les intempéries de notre psyché, de nos comportements et alimentations, les agressions extérieurs et les conditionnements de notre passé et de celui de nos parents. Finalement, notre corps est l’éponge qui a absorbé tout ce que nous avons traversé dans la vie. C’est à nous de le libérer du trop plein. Puis d’avancer vers une compréhension des ressources précieuses que ce corps recèle. Ainsi, progressivement, nous dénouons les nœuds de nos souffrances et trouvons un fil qui nous guide vers notre intériorité.

Pacifier nos énergies.

Pour se réaliser spirituellement et avancer vers le Un, nous devons progressivement libérer l’émotionnel, puis pacifier les énergies :

Nous libérer, c’est lâcher nos poids émotionnels, mentaux et physiques. Accueillir la souffrance, le non-dit, les mémoires pour les exprimer, travailler dessus, puis les accepter et les transmuter.

Nous pacifier, c’est nous retrouver et concilier en nous les dissonances. Accéder à la Présence est un cheminement qui inclut de se pacifier sur le plan énergétique. Cela signifie que notre chemin gagnera en fluidité et simplicité quand seront réconciliés notre terre et notre ciel énergétiques. Cela signifie qu’après avoir délié les principales tensions, nous devons nous attacher à concilier les sensations du dense et du dilaté de notre corps. Pour que le haut et le bas s’unissent. C’est une réunion du yin-yang qui fait alors émerger un nouvel équilibre. Cela se produit notamment quand nous activons la force du Hara, le centre énergétique du bassin. Cela devient une aide réelle pour nous permettre de recevoir la Présence à l’Un en nous.

En pratique, réussir cette réunion, c’est combiner puis intégrer deux sensations en même temps :

– Ressentir son Hara, grâce au souffle, de façon profonde et prolongée (minimum 1 heure).

– Tout en ayant conscience d’une sensation plus ouverte comme l’espace qui nous entoure, le nada, le silence, l’observateur.

Quand l’opération est reconduite suffisamment de fois, une alchimie progressivement opère, rendant le processus plus naturel et spontané.

Dépassement

Notre corps est à la croisée des plans. Il porte en lui l’être et la conscience de plusieurs plans. Trop souvent, nous restons hypnotisés par les plaisirs liés au corps et au cerveau. Le corps est alors limitant car nous restons focalisés sur la conscience matérielle (moi, ce corps, ces émotions, ces pensées). Mais, pour autant, le corps est comme le cadre d’un tableau vierge de peinture. Il permet de donner des limites pour nous protéger et il offre en son sein une infinité de combinaisons et réalisations possibles.

C’est le propre d’un Chemin spirituel d’ouvrir notre être et notre conscience aux autres plans existants en nous. Expérimenter avec stupeur et exaltation que nous sommes conscience (voir la vidéo s’éveiller à ce que je suis conscience).

C’est le propre du chemin vers la Présence à l’Un, de nous amener à vivre le plan de l’Absolu ici et maintenant.

Intégration

Il y a différentes façons de s’ouvrir à une véritable Présence à l’Un. Les plus puissantes sont celles qui intègrent le corps. La Présence (au plan Divin) est un processus alchimique qui se révèle à travers le corps et nécessite pour pouvoir être reconnue et approfondie, une compréhension subtile des processus subtils opérant dans le corps.

Certes les fruits de la réalisation de la Présence se trouvent dans la Conscience et dans l’Être, à un point parfois extraordinaire. Mais le corps a une part importante à jouer, à la fois au début du processus ainsi qu’à la fin. Car la Présence au Soi se manifeste, selon la lumière de chacun, soit comme un champs de conscience presque infini, un témoin silencieux, soit aussi comme une sensation d’Unité énergétique profonde, un sentiment de sérénité ouvert à l’Absolu, ou une sensation douce, globale et consciente d’une force de Vie supérieure dans laquelle nous nous révélons Être.

La Présence.

La Présence est un mystère car elle nous est donnée uniquement quand nous sommes prêts. Cela signifie qu’un certain équilibre se pose en nous et qu’ainsi nous sommes ouverts à cette force. Et c’est dans le corps que cet équilibre doit s’opérer. Le corps est donc le temple, la table alchimique où va s’établir cet équilibre. Le Hara peut être un élément essentiel dans cette opération.

Le Hara.

Le Hara est un centre profondément lié au corps et aussi un essentiel du Cheminement. Dans la tradition médicale chinoise et taoïste, il est le lieu de forces indispensables pour la vitalité et l’équilibre énergétique. En spiritualité, il est une zone importante qui se révèle souvent avec la respiration ventrale. C’est un point d’appui et une ressource précieuse. Le Hara est un outil puissant dans le cadre d’une sadhana vers la Présence puis l’Éveil. Passer à coté de son appréhension réelle nous ferme bien des portes spirituelles.

La progression vers la Présence avec le corps.

Si, en avançant vers la Présence à l’Un, on s’émancipe de l’hégémonie des instincts, émotions et pensées du corps physique, on est tenu de rester profondément en contact avec lui pour approfondir notre Présence. La progression vers la Présence avec le corps peut se découper en trois temps :

Dans un premier temps, le ventre et le bassin sont une aide, grâce à la respiration ventrale, comme support de notre attention. Porter son attention sur sa respiration permet de nous ancrer et d’apaiser le mental et le plexus. C’est aussi un support vivant propice à stimuler la continuité de notre effort d’attention (samatha).

Dans un deuxième temps, le Hara et le bassin peuvent devenir un soutien pour notre Présence pour « alimenter » l’équilibre en nous qui permet l’ouverture à la Présence.

Dans un troisième temps, à mesure que nous devenons Cela, que notre conscience devient la Conscience, le Hara et le bassin révèlent une force qui permet à la Présence de se nicher en nous, et plus exactement dans notre Cœur.

La présence se manifeste dans le temple que nous construisons pour elle. Autant la Présence de l’Un ne nous appartient pas car nous ne la commandons ni ne la créons ; mais le temple dépend de nos efforts pour élaguer, libérer, rassembler et concentrer dans notre corps les éléments qui s’y sont accumulés de façon chaotique depuis notre naissance.

Stéphane Morelle

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