L’observation de soi-même est une technique simple et puissante qui est utilisée à des fins psychologiques ou spirituelles. Il s’agit de s’observer intérieurement pour voir ce qui se passe en son for intérieur, sans jugement. L’observation de soi-même a pour unique but de révéler de façon directe ce qui est en nous, sans chercher à changer quoi que ce soit. Voir ce qui est, dans la neutralité d‘un pur regard. Cette observation de soi-même a un lien direct avec la conscience et de ce fait permet d’agir sur elle et de révéler ses potentiels les plus profonds. Je vous explique cela.
L’observation de soi-même
L’observation de soi-même est une technique utilisée pour des buts différents avec la psychologie, le développement personnel et la spiritualité. Parfois, on l’appelle introspection ou observation de soi. Cette observation bien conduite aboutit sur le plan psychologique à des résultats comme apprendre à s’accepter, et à lâcher-prise. Mais c’est sur le plan du cheminement intérieur que l’observation de soi-même permet d’apporter le plus de découvertes et de réalisations. Elle apporte la vision de la réalité de notre conditionnement et par cela d’accéder aux véritables sources d’un changement véritable. L’observation de soi-même offre la promesse de comprendre et d’activer la source de la pleine conscience.
Notre cerveau, un ensemble d’automatismes ?
Pour comprendre ce que l’observation de soi-même peut nous apporter, nous devons déjà comprendre comment fonctionne notre cerveau par rapport à la conscience. Si nous nous imaginons que notre cerveau est déjà porteur d’une véritable conscience, pleine et lumineuse, alors il n’y a pas d’intérêt à explorer plus avant le processus de l’observation de soi-même. Cependant, il semblerait que ce soit loin d’être le cas. Regardons cela de plus près.
Le subconscient
Le cerveau apprend et intègre, particulièrement dans l’enfance, l’ensemble des éléments sur lesquels toute sa vie sera en grande partie basée. Nous sommes, en quelque sorte, formatés et c’est ce qui nous permet de vivre, au jour le jour, dans notre travail et notre famille. Les travaux du Pr Yves Agid démontrent que l’ensemble de notre comportement, qu’il soit moteur, émotionnel ou intellectuel est essentiellement automatique. Y. Agid parle de comportements Subconscients, intégrés dans les circuits neurologiques du cerveau, les noyaux gris centraux. Ce sont donc les noyaux gris centraux qui régissent une grande majorité de tous les aspects de notre vie. La plupart du temps, nous sommes pris en charge par cette subtile mécanique auto-réactive et totalement adaptative.
Cela signifie que notre cerveau est doté d’une telle sophistication qu’il est capable de gérer tout seul les actes de la vie quotidienne, à la fois de l’agir mais aussi du penser. Cela grâce au rétrocontrôle des noyaux gris centraux. C’est-à-dire qu’une structure spécialisée du cerveau opère automatiquement pour ajuster face aux défis changeants de la réalité nos comportements, actions et paroles. Bien sûr, ces comportements ont une limite dans la qualité et la profondeur de la réponse. Mais ils sont suffisants pour la majorité des actes de la vie courante. C’est un fait neuro-scientifique établi par le professeur Yves Agid.
Le Préconscient
Si le Subconscient est cet automatisme du quotidien, ces comportements que nous faisons sans y penser réellement, c’est le Préconscient qui est la première lumière d’une conscience : ces moments où nous pouvons mettre de la conscience dans ce que nous faisons. C’est donc seulement avec le Préconscient que nous émergeons du mode automatique quand notre activité implique de la créativité, ou de l’innovation, ou de l’inédit. Mais cet état est beaucoup moins fréquent, voire assez rare, par rapport au mode automatique qu’est le Subconscient.
Cerveau, Subconscient, Préconscient et Conscient
Mais que ce soit le mode Subconscient ou Préconscient, nous ne savons presque jamais que nous agissons pendant l’action. Nous le faisons plus ou moins automatiquement mais quasiment toujours sans y penser. Penser que j’agis ou que je pense ou que j’éprouve une émotion est de l’ordre de la Conscience. Or, il est très difficile de se voir, de voir son propre fonctionnement. Cela est une possibilité offerte uniquement par la Conscience. Ce n’est ni naturel, ni facile. Se voir réellement s’appelle l’observation de soi-même. Il ne s’agit pas de penser, ou d’analyser. Il s’agit de voir dans l’instant, ici et maintenant, ce qui se passe. Seule la Conscience, dans sa définition du Pr Y. Agid, peut commencer à faire ce miracle.
Le conscient
Pour Y. Agid, le Subconscient c’est agir, ou penser ou avoir une émotion en s’adaptant automatiquement à son environnement. Le Préconscient, c’est agir ou penser de façon non-automatique pour permettre une adaptation inédite ou innovante. Mais toujours sans y penser, sans le savoir pleinement. Seule la Conscience permet de savoir que j’agis pendant que j’agis. C’est-à-dire que, par exemple, je conduis, et qu’en plus je sais que je suis en train de conduire. Pas à posteriori. Si on me pose la question de savoir si je sais que je conduis, pendant quelques secondes, je peux voir, savoir qu’effectivement je conduis. Mais cela ne dure que quelques secondes. Non, être Conscient, c’est savoir que je conduis pendant toute l’action de ma conduite, à chaque instant.
L’observation de soi-même n’est possible que par un regard réellement Conscient, ce qui n’est ni naturel ni facile neurologiquement parlant. L’observation de soi-même est, par là même, un outil précieux pour développer la Conscience du cerveau. Cela nous ouvre à l’ensemble des possibles offerts par cette partie du cerveau. C’est une véritable gymnastique qui reconditionne les réseaux neuronaux et nous transmute. Sans chercher à intervenir, l’observation de soi-même façonne une nouvelle vue, une nouvelle vie, au quotidien.
Pleine conscience et observation de soi-même
L’observation de soi-même est inscrite, sans que cela soit toujours clairement dit, dans le cheminement de la pleine conscience.
La pleine conscience, c’est être de plus en plus conscient de nous-même au sein même de nos activités. Cela nous permet de vivre pleinement l’instant présent pour être Plein intérieurement d’une Écoute vivante. Cela nous amène à vivre la conscience de nos actions et paroles jusqu’à son essence illimitée. Et c’est dans la phase où nous vivons pleinement La Conscience, que l’observation de soi-même apparaît comme une évidence dans le processus même de la Pleine Conscience.
L’observation de soi a plusieurs niveaux de profondeur en fonction de ce qui est observé et de comment cela est fait. Dans la pratique, progressivement, lors de l’observation de soi-même, en fonction de son désir d’investigation, un certain nombre de voiles tombent les uns après les autres. L’observation de soi-même permet, dans un premier temps, à la pensée de se voir et de s’analyser. Puis, dans un deuxième temps, de dépasser la pensée et d’observer d’un peu plus haut pour englober un champs de conscience élargi, celui du Subconscient tout entier. Apparaît alors une sorte d’observateur neutre et plus universel.
L’observation de soi-même opère une révolution de notre regard puis de notre conscience. Nous apprenons à porter notre regard avec l’observation de soi-même de l’extérieur à l’intérieur. Observer nos pensées, émotions, comportements. Puis avec l’observation de soi-même, notre cerveau et notre conscience se transmutent pour nous faire aborder une autre façon de vivre, totalement différente.
Pour aller plus loin sur le plan spirituel avec l’observation de soi lire observation de soi et Présence.
En pratique.
Pour expérimenter cette observation de soi-même regarder la vidéo les 3 degrés de l’observation de soi
Stéphane Morelle
Laisser un commentaire