Le monde moderne marche la tête à l’envers. Une des principales causes à cela, est que la société a un système déséquilibré. L’intellect tend à plomber ses mécanismes, perturbant par ce fait, notre vie, et notre vision.

Il est au cœur de l’aménagement quotidien de la société. L’intellect imprègne tellement la vie moderne dans tous ses aspects qu’il est devenu presque invisible à nos yeux. Pour autant il est essentiel de comprendre ce que cela implique. Je vous aide à voir ce qu’il en est.

DÉFINITION

L’intellect est la faculté du mental à utiliser la logique et la discrimination pour interpréter le monde et agir sur lui. Le problème c’est qu’il peut sembler à nos contemporains que c’est la seule et unique façon de pouvoir interagir avec le monde ou du moins qu’il s’agit de la manière la plus efficace de le faire. Pourtant, cela n’a rien d’une évidence. En réalité, l’intellect n’est qu’une petite facette du cristal des interactions avec la Réalité.

Le souci ne vient pas de l’intellect mais de sa place, qui est trop grande dans la société, créant ainsi un profond déséquilibre en l’homme et la femme. Comprendre la place de l’intellect dans la vie moderne, c’est se donner les moyens d’identifier cette épine invisible, source de tant de souffrance.

ORIGINE DE CE DESEQUILIBRE

L’intellect occupe une place très importante dans notre civilisation, comme jamais dans toute l’histoire de l’humanité. Historiquement, le monde occidental a fait le choix d’une vision intellectuelle du monde depuis la renaissance. Mais c’est avec la société industrialisée que tout a vraiment basculé. Nous voyons l’influence de cette évolution avec le bouleversement de l’ensemble du cadre de vie et des outils du quotidien : notre scolarité et nos formations hyper-théoriques ou hyper-spécialisés, notre façon de vivre dans l’urgence, notre nouveau rapport à l’information et à l’image, et le degré de notre besoin d’excitation. Cette folie du quotidien, la société l’a intégrée comme une norme, alors qu’elle nous mène droit dans le mur.

ETAT DES LIEUX

La modernité s’appuie trop sur l’intellect. Beaucoup de ce qui a été construit, dans notre société, l’a été fait principalement avec l’intellect. La modernisation s’est construite en continuité de fonctionnement, porté par le pouvoir de la technologie, mais sans en comprendre pleinement les implications. Et ce processus ne peut s’arrêter car cette façon de fonctionner avec l’intellect est comme une drogue.

Regardons cela dans le détail.

DANS NOTRE FORMATION

Notre formation de vie au sein de la société n’est, le plus souvent, que notre formation scolaire et professionnelle. Or, dans ces formations, nous retrouvons la main mise du centre intellectuel. Elles ne consistent, pour l’essentiel, qu’à disséquer des informations, les ingurgiter, pour pouvoir les répéter. Mais on apprend rarement à se connecter à son sentiment ou à son ressenti pour agir et faire. Il s’agit trop souvent d’un simple savoir, et au mieux d’un savoir-faire.

On nous fait croire, dans une vision dualiste simpliste, que c’est cette pensée qui est supérieure au physique. Comme s’ils n’étaient pas liés. On nous fait croire que lire et apprendre par cœur une information, c’est la connaître. Or, il ne s’agit là que d’un savoir, un vernis superficiel qui masque notre incompréhension de la chose en vrai. Car connaître, c’est aussi appréhender cette chose avec son sentiment et ses sensations. J’aurai beau lire tous les manuels d’ébénisterie, ce n’est que quand j’aurai eu le rabot et la scie entre les mains, à essayer de façonner une forme, que je commencerai à entrer en contact avec ce bois pour sentir ce qu’il attend de moi, ce que je peux en faire et comment. C’est la même chose avec la Vie et mon Être. Avoir un avis, un savoir sur la vie, ce n’est pas connaître la vie.

DANS NOS RELATIONS

Notre façon de vivre au sein de la société transpire le centre intellectuel. Nos relations humaines ne cessent de se virtualiser (internet, twitter, facebook, instagram, tiktok, youtube…) au détriment du contact de proximité. On ne sait plus vraiment écouter l’autre, mais au mieux échanger des pensées ; on débite chacun son tour son verbiage. Nous sommes convaincus que la solution à tout problème est dans la bonne information. Alors qu’il n’en est rien. Les relations humaines sont plus complexes, elles reposent sur tout un réseau de subtiles influences (énergétique, émotionnelle, psychique …) qui nous échappent et nous nourrissent.

DANS NOTRE ENVIRONNEMENT URBAIN

Le monde qui nous entoure, dans sa structure même, est pour beaucoup gouverné par le principe intellectuel. C’est-à-dire qu’il est inspiré par le mental et fait pour le nourrir.

Les images artificielles, les publicités déguisées, les sollicitations en tout genre ont envahi notre monde. Nos écrans sont les ambassadeurs de ces images et nous en sommes totalement dépendants. Tout cela ne cesse d’exciter notre mental en captant son attention avec des futilités déguisées en urgence ou nécessités. Le problème, c’est qu’il nous est devenu impossible de ne pas les voir et donc de tomber sous leurs influences. Nous sommes, en quelque sorte, pris en otage : nos pensées sont obligées de ruminer ces impostures, même inconsciemment.

Toute la vie de la société est basé sur l’intellect. Notre alimentation n’échappe pas à cette règle. Nous ne choisissons plus un aliment par une relation directe avec lui. Nous ne nous connectons plus à notre ressenti pour expérimenter le besoin instinctif de notre corps et la valeur vitale de l’aliment. Non, nous regardons l’emballage ou l’étiquette qui nous vante tel hypothétique aspect bénéfique, tel label, tel composant nutritionnel. Le conditionnement de nos aliments avec ses formes et ses couleurs nous stimule et exerce sur nous un attrait subconscient étudié. Toutes ces informations sont essentiellement du ressort du mental. Aussi, notre choix alimentaire est rarement adapté au besoin réel du corps. Le produit choisi est rarement « vivant » (dans le sens de riche en énergies subtiles vitalisantes). Le problème, on le voit ici encore, n’est pas le mental en tant que tel mais l’abus que nous sommes poussés à en faire. Ces excès nous desservent au détriment d’un fonctionnement digne d’un être humain équilibré intérieurement.

DANS LA CULTURE

Dans ce cadre systémique et sociétal, notre mental a grandi en nous, durant des décennies, il s’est complexifié. Il exige, maintenant, que nous le nourrissions avec des produits sophistiqués. Comme avec le cinéma et ses films présentant une intensification de cadence, du suspens, de l’intrigue et des effets visuels. Cette évolution du goût au cinéma reflète l’importance du pouvoir de l’intellect en nous et de ses exigences.

Pour la télévision, on voit bien que les émissions dites éducatives ou celles ludiques font appel au seul savoir qu’ainsi on survalorise au détriment du savoir-être.

L’informatique avec les jeux vidéo et internet ne font eux aussi qu’exploiter à l’extrême le mental. Les jeux vidéo sont une approche totalement virtuelle du monde et ne permettent pas à l’enfant de développer de réelle capacité. Car une image d’une fleur ne nourrit que partiellement le mental mais pas du tout le centre émotionnel ou instinctif. Une véritable fleur émet des influences indispensables à sa compréhension. Sinon, il n’y a pas connaissance mais illusion de connaissance.

Avec internet, on voit combien la vague de l’information engloutit tout le champ de vie de la société. L’intellect donne l’impression que cette masse d’informations permet, en sus du plaisir de l’excitation générée par cet assaut de nouveautés, de comprendre et d’expérimenter les choses. Mais encore une fois, il n’en est rien. Ce tumulte informatif noie toute véritable compréhension. Il nous coupe, par tant d’opinions exprimées sur la réalité, de ce qu’une véritable rencontre avec elle peut amener. Le penser juste ne peut se développer que grâce à un apport de première main du sentiment, du ressenti et de l’observation. Il ne saurait s’agir de simple prédigéré pour le mental. C’est, notamment, pour cela que le monde se divise et s’entre-déchire.

https://www.youtube.com/watch?v=YMMP459qRGA

UN CERCLE VICIEUX

Cette place du mental dans notre société, engendre la création de produits qui renforcent l’intellect. Le déséquilibre s’auto-nourrit. C’est un système fermé qui ne fait que s’aggraver. Le cœur du problème est que la société nous incite, par les modèles qu’elle promeut, à chercher une solution à nos souffrances dans le mental. Et ce faisant, par ignorance, nous aggravons les choses.

UNE HEGEMONIE ?

L’importance du centre intellectuel dans notre société est telle que beaucoup des constituants de celle-ci sont issus de sa création exclusive. La société emprisonne l’homme et la femme dans des influences du mental qui l’obligent à se couper d’une part essentielle de son potentiel. L’utilisation de l’intellect n’est plus un choix pour l’homme et la femme vivant dans notre société occidentale. Tout nous y conditionne à sa suprématie et nous façonne. Un proverbe chinois dit que « la fonction crée l’organe » : en sollicitant dès l’enfance cette fonction intellectuelle, on lui permet de se sur-développer. L’offre, imposée par ce mode de vie,  crée la demande, dans les cerveaux formatés à ce fonctionnement. L’offre étant par trop massive, nous voilà en présence d’un cycle de conditionnements qui mène à une addiction déséquilibrante. Voire plus grave, pour les jeunes, le formatage devient une norme neuro-physiologique.

UNE DÉPENDANCE ?

Tout cet environnement lié à l’intellect, tend à nous rendre dépendant à l’information et à la nouveauté comme à une drogue. Il nous entraîne dans une cascade de réactions mentales en chaîne qui nous éloigne d’un équilibre intérieur.

L’hégémonie de l’intellect dans la société perturbe notre rapport à nos émotions et ressentis. Car chaque individu éprouve constamment en lui des émotions et des sensations en sus des pensées. Cependant, dans un tel environnement, les émotions et les ressentis sont simplement laissés à eux-mêmes, ballottés par le tourbillon de nos pensées incessantes.

La société ne nous apporte pas vraiment les outils pour nous épanouir à ces réalités essentielles. Dans un développement intérieur harmonieux, l’homme a besoin d’éduquer et de nourrir ses émotions et sensations sous peine de les laisser dans un état primitif. Un état aux formes grossières qui, cachées dans l’ombre, se jouent de nous. Ainsi avec cette cavalcade infernale des besoins du mental, nous nous enfermons dans un monde qui nous coupe de nos racines vers la terre et de nos branches vers le ciel. Cette séparation d’avec nos aspects inférieur et supérieur fait de nous des exilés de la maturité.

Il est possible de tempérer cette place de l’intellect

Il existe de multiples façons de contrebalancer cette place de l’intellect dans nos vies modernes. La première chose est de réaliser la nécessité de cet acte de résistance, qui serait de changer notre rapport au système. Car la société ne changera pas d’un coup de baguette magique, ni grâce à un fait politique. C’est à chacun au sein de sa communauté d’agir. Chacune de nos actions qui va dans ce sens nous rapproche d’un essentiel plus simple et plus fécond. Cela peut prendre mille formes, il ne s’agit pas de forcément revenir sur nos pas, vers l’antiquité, mais plutôt de trouver, par l’expérimentation, ce qui éveille en nous autre chose que des pensées. Ce qui nous rapproche de notre Être, de nos sentiments, et de nos ressentis.

Peut-être commençons par apprendre à écouter véritablement. Pour cette approche de développement personnel, il y a la CNV (approches relationnelles qui nous apprennent et nous invitent à nous connecter à notre sentiment et ressenti pour entrer en empathie avec l’autre, sans créer de division., mais au contraire, en créant du lien), la méditation type MBSR ou les techniques de Thierry Janssen. Puis, une fois qu’un début de connexion avec notre intériorité est établie, essayons de nous ouvrir à la nature. Goûter à ses impressions, à ses rythmes lents et à son langage. Puis, plein de cette connaissance vivante, allons regarder avec le cœur l’éducation de nos enfants (Heureusement certaines écoles alternatives aujourd’hui introduisent, dès la maternelle, l’apprentissage du savoir-être.

Pour aller plus loin lire l’excès de l’intellect déséquilibre notre monde intérieur et l’intellect et la voie spirituelle

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Stéphane Morelle

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