Les méridiens en médecine chinoise sont en lien avec la vitalité et l’harmonie des énergies de l’être humain. Mais ils ont aussi un rôle important dans une quête spirituelle de pleine conscience. Les méridiens du corps, ainsi que certains organes (reins, rate et péricarde), interviennent à plusieurs niveaux dans la réalisation de la Pleine Conscience, et particulièrement dans le processus de l’attention. Acquérir cette connaissance permet de mieux comprendre le chemin qui mène à la Pleine Conscience et à la Pleine Présence.
Les méridiens
En médecine chinoise, les méridiens sont des canaux qui traversent le corps pour faire circuler les différentes énergies. Ils sont reliés en profondeur avec les organes et les viscères. Dans cette vision, les méridiens, les organes et les viscères ont des fonctions bien précises, à la fois énergétiques, psychiques et physiologiques. La connaissance de ces fonctions sert de base à l’entretien de la santé et au diagnostic de ses dysfonctionnements. C’est un champ complexe qui permet de prévenir, soigner et guérir nombre de troubles de santé. Existent à cet escient des techniques comme l’acupuncture, les massages, la phytothérapie, ainsi que des pratiques corporelles qui activent, régulent, équilibrent, selon les besoins, les méridiens et les organes. Ces approches sont bien connues et largement pratiquées.
Pour autant, il existe une connaissance moins connue qui concerne le lien entre les méridiens et la spiritualité. Il s’agit d’une connaissance sur les aides que les méridiens et certaines énergies d’organes (les reins, la rate et le péricarde) peuvent apporter dans un cheminement spirituel. Cette aide concerne la méditation, le lâcher-prise et le travail de l’attention.
Relation entre le corps et l’attention
L’attention est le principal moteur d’un Cheminement spirituel. C’est sur elle que repose l’ensemble des processus de la Pleine Conscience. La première étape pour apprivoiser l’attention et commencer le voyage spirituel est de poser son attention sur son corps. Essayer de poser TOUTE son attention sur son corps. C’est ainsi que progressivement le mental s’apaise et que le silence intérieur émerge. C’est de ce silence en conscience que fleuriront la sérénité et le sentiment d’unité. La relation attention-corps est une base que le méditant devra explorer longtemps pour approcher puis approfondir sa Pleine Conscience.
La relation attention-corps fonctionne à double sens, grâce notamment aux méridiens, ces canaux qui parcourent le corps et conduisent des énergies pour le nourrir, le protéger et le nettoyer. A double sens car, d’une part, c’est l’attention qui permet d’activer les énergies des méridiens et de décontracter le corps ; d’autre part, c’est la détente du corps et sa fluidité qui va permettre de mieux recevoir la force de l’attention et ainsi de mieux la stocker.
Comment cela fonctionne ?
Pour toucher à une véritable Pleine Conscience, nous devons avant toute chose être présent à l‘instant et à son environnement, tout en ayant conscience de nous-même. Cet équilibre spirituel s’opère grâce à l’attention. La première étape consiste à véritablement incarner notre corps. En posant son attention sur le corps, on active, via les masses musculaires et les espaces intermusculaires, à la fois le nettoyage du corps et l’enracinement de l’attention. Les méridiens présents dans les espaces intermusculaires permettent la circulation de la force d’attention dans le corps. Ils œuvrent pleinement au processus d’ancrage, grâce à leur interaction avec l’attention.
1. L’énergie nourricière
L’énergie nourricière corporelle, qui circule notamment à travers les méridiens, est entravée par de nombreux obstacles émotionnels anciens ainsi qu’une mauvaise hygiène de vie, qui sature le corps de toxines. Il faut que l’énergie nourricière corporelle soit fluide pour que le travail d’attention à soi-même puisse s’opérer facilement.
Précisons que cette fluidité des méridiens n’implique pas forcément une souplesse physique. A contrario, les danseuses classiques qui ont acquis une très grande souplesse dans la souffrance de leur corps n’ont pas leurs méridiens ouverts. Pour autant, une bonne circulation ne témoigne pas d’un travail intérieur. Ainsi les pratiquants d’art martiaux asiatiques (interne ou externe) peuvent avoir des méridiens où circulent librement l’énergie sans qu’ils ne soient en rien développés sur le plan spirituel.
2. Détendre et ouvrir le corps avec la pleine conscience
La relation attention-corps permet de commencer à libérer les blocages de l’énergie nourricière. En Orient, on dit que l’esprit chevauche les énergies. Cela signifie que les énergies des méridiens sont activées par la participation active de l’esprit, grâce à l’attention. Ainsi, par l’action de l’attention sur le corps, les méridiens s’activent, et ce travail est comme une boucle vertueuse. Plus l’on porte son attention sur son corps en conscience et plus le corps se délie. Et plus le corps se délie et plus l’attention peut s’enraciner et approfondir son œuvre de nettoyage. A l’inverse, si la circulation dans les méridiens n’est pas effective, l’esprit sera comme appesanti et lourd. Si l’énergie nourricière corporelle conduit par les méridiens est stagnante, l’esprit sera lui-même entravé et obscurci dans ses tentatives de présence à lui-même.
Pour aller plus loin dans la préparation du corps et plus exactement dans la levée de certains obstacles pendant la méditation, il est utile d’utiliser d’autres techniques plus spécifiques. Pour cette raison, de tout temps ont été associés aux exercices de méditation stricte des exercices corporels : que ce soit Bodhidharma (initiateur du bouddhisme Chan) qui enseignait au 5è siècle la méditation en Chine associée avec son Qigong (« les 12 trésors de Pan Wei » ), ou les guru de l’antiquité en Inde qui enseignaient certains aspects du Hatha yoga en complément des exercices de méditation.
3. Méridiens et attention
Il n’est pas nécessaire de sentir les méridiens, car là n’est pas le but dans le cadre d’un développement spirituel harmonieux. Il s’agirait même d’une erreur dans le sens où le but est la sensation globale du corps et non particulièrement celle des méridiens. En effet, se focaliser sur eux ne pourvoirait pas à la sensation de globalité recherchée. Il suffit que l’attention soit posée sur le corps pour que les méridiens soient activés de façon harmonieuse.
Cependant, la sensation des méridiens peut apparaître d’elle-même pendant le processus d’enracinement de l’attention dans le corps sans qu’il n’y ait là quoi que ce soit à redire. On ne la recherche pas, mais si elle apparaît, on ne la rejette pas.
4. Enraciner l’attention, les pièges à éviter sur le chemin de la pleine conscience
Poser son attention sur le corps lui-même, c’est-à-dire sur la sensation physique, est pour le moins difficile. Très souvent, on confond cette sensation soit avec une représentation mentale, soit avec la sensation de l’énergie vitale qui émane et épouse de près les formes du corps. Cette dernière méprise est difficile à pallier si l’aspirant n’a pas de professeur compétent à ses côtés. Et ses conséquences sont particulièrement délétères. Porter son attention sur le premier corps énergétique, que l’on appelle vital, apporte peu de bénéfices spirituels. Seule la relation attention-corps permet d’obtenir la stabilité dans l’effort, la formation d’une essence spirituelle nourricière, et la purification (émotionnelle et énergétique).
L’approche de la sensation énergétique vitale conduit à plusieurs conséquences négatives : comme s’attacher aux sensations de mouvement qui agitent ce corps énergétique et les prendre pour des résultats spirituels ; comme subir l’aggravation de problème de santé en lien avec l’énergie de l’air (déséquilibre du dosha vatta).
Ces problématiques sont non négligeables car elles peuvent ainsi conduire à l’abandon des efforts de concentration ou leur dérive.
Pour la grande majorité des chercheurs, leurs corps étant entravés par des méridiens bloqués, le travail spirituel de l’attention doit se faire de façon mesurée. Le chercheur devra arriver à manipuler plus délicatement son attention sur l’ensemble du corps. Il devra éviter de trop concentrer son attention sur une seule zone du corps, au risque de générer des tensions sur la respiration, le haut du dos, la tête… Sinon, il générera des tensions physiques qui à leur tour bloqueront le processus de concentration.
Le stockage de la force de l’attention se fait dans des lacs internes dans les articulations, certains organes, et certaines zones particulières comme le cerveau et le Dantian.
Les organes, une aide pour la pleine conscience.
L’énergie des méridiens est reliée à celle des organes et viscères du corps. Chaque énergie d’organe a un rôle particulier dans la gestion du fonctionnement énergétique, psychique et physiologique du corps. En ce qui concerne la spiritualité, trois organes ont un rôle particulièrement intéressant à connaître. Les reins, la rate, et le maître-cœur (le réseau qui enveloppe le cœur, qu’on appelle aussi le péricarde).
L’énergie des reins a notamment pour fonction générale de nous enraciner dans la terre, de permettre de nous libérer des tensions énergétiques que nous captons quotidiennement et de faciliter le relâchement des tensions du diaphragme. L’énergie des reins est une aide pour le lâcher-prise. Cette capacité est indispensable dans une quête spirituelle, car c’est elle qui nous aide, avec l’attention, à revenir dans l’instant présent.
L’énergie de la rate favorise la capacité à se concentrer, à ramasser ses énergies dans son corps. Elle nous aide à ne pas nous éparpiller psychiquement et énergétiquement. Dans nos modes de vie actuels où les sollicitations extérieures sont nombreuses, cette énergie est fortement mise à contribution pour que nous ne soyons pas emportés par l’agitation de notre quotidien.
Le maître-cœur ou péricarde, favorise la capacité d’expansion de nos énergies vers le haut. Il favorise la capacité à nous ouvrir à ce qui nous dépasse.
Notre corps et ses énergies sont une aide précieuse sur le chemin spirituel. Apprendre à les rencontrer, au quotidien, est une belle opportunité de Vie et de Conscience.
Stéphane Morelle
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