Quelle place donner à la thérapie, aux soins, dans une pratique spirituelle ? Quand on s’embarque dans une quête spirituelle, la plupart du temps, quelque chose en nous souffre. Le corps, l’esprit et les émotions portent la trace d’événements douloureux plus ou moins oubliés. Il s’agit souvent de blessures de notre enfance. Parfois, nous abritons en notre sein un certain nombre de dysfonctionnements qui nous éprouvent. De ce fait, généralement, les démarches thérapeutiques et spirituelles émergent conjointement chez l’être humain en recherche intérieure. L’apaisement et le bonheur concernent tout à la fois la thérapie et le Cheminement spirituel. Alors tout un ensemble de questions se posent :

Pouvons-nous faire l’impasse d’une thérapie ? Est-il facile de bien distinguer une pratique de soin d’une pratique spirituelle pour éviter de se leurrer ? Quels sont les champs d’action de l’une et de l’autre ? Y a-t-il une interpénétration parfois ? Je vous explique tout cela.

Un constat, un chemin commun

Il est nécessaire de comprendre que nous portons beaucoup de souffrances, même si nous n’en avons pas conscience. En tout cas, bien plus que ce que nous croyons. Beaucoup de nos maux physiques et psychiques sont un assemblage de différents facteurs. Il s’agit, tout à la fois, d’afflictions physiques, énergétiques, émotionnelles et mentales qui prennent racines depuis notre embryogenèse jusqu’à aujourd’hui. Parfois, il s’agit même de maux en lien avec des mémoires plus anciennes que cela.

Ce premier constat est essentiel pour avancer sur le travail de l’acceptation de soi. Ce travail est important pour apprendre à mieux vivre et guérir. Il permet de commencer à voir ce qui est présent en réalité, ce qui réside en nous. Voir la totalité de ce qui réside en nous, le sain et le malade , et l’accueillir. Le but de cette introspection est de tenter de se réconcilier avec soi-même.

Le travail de l’acceptation est en fait un chemin vers l’amour juste pour nous-même : aimer et remercier chaque partie et aspect de nous pour lui permettre de grandir, se libérer et guérir. Ce chemin est assurément commun aux voies thérapeutique et spirituelle. C’est là leur principale zone de rencontre. A un moment ou un autre, dans chacune de ces 2 voies, si nous voulons vraiment avancer, nous rencontrerons la problématique de l’acceptation et de l’amour de soi.

Le travail de l’acceptation de soi commence par l’ouverture à l’écoute intérieure. Il nous amène à reconnaître notre souffrance de façon plus directe, plus sensible et plus globale. Progressivement, à mesure du développement de notre capacité à écouter, nous réalisons que cette sensibilité n’est pas une faiblesse mais une force.

Une même voie ou des enchevêtrements ?

En pratique, la voie du soin est souvent confondue avec une voie spirituelle. Couramment, les deux voies sont envisagées en même temps et s’entremêlent dans les faits. Pour autant, les différences sont grandes. L’objectif et les moyens de chacune des 2 voies sont éloignés.

Dans la voie du soin, l’objectif est de ne plus souffrir, d’accéder à ses qualités positives et de vivre heureux. Pour ce faire, on fait appel à des intervenants qui agissent sur nous. On apprend à dénouer nos nœuds et à révéler nos bonnes énergies.

Dans la voie spirituelle, l’objectif est de toucher à ce qui nous dépasse en tant qu’être humain et qui pourtant est au cœur de nous-même. C’est trouver l’Unité intérieure, la Présence qui révèle à notre conscience l’aspect Absolu ou Infini de ce que nous sommes en vérité. C’est, somme toute, mourir pour renaître.

Mais au-delà de ces mots, il y a forcément beaucoup d’enchevêtrements car dans les deux cas, il s’agit de nettoyages et d’ouvertures, mais sur des plans différents. C’est pour cette raison que c’est souvent au détour d’une expérience de maladie, qu’une aspiration spirituelle peut naître. Et c’est en travaillant spirituellement sur soi que l’on se sensibilise à la nécessité de prendre soin de notre corps, et de notre psyché.

Des soins dans une quête spirituelle

Les soins et la voie spirituelle s’entrecroisent sur leur parcours. Il est bon d’arpenter les deux voies en même temps car chacune peut aider l’autre.

Les soins sont une nécessité pour que nos pratiques spirituelles ne soient pas alourdies par les toxines, les tensions, et les déséquilibres internes. Toute dysharmonie des énergies se répercute sur nos émotions et nos pensées. Ce qui ensuite peut venir perturber notre pratique spirituelle (lire méridiens et pleine conscience).

Certes, il ne s’agit pas de se purifier totalement mais de gérer le trop plein. Car oui, nous ne serons jamais préparé à une quête spirituelle seulement par des soins. La quête spirituelle commence, ici et maintenant, tel que je suis. Toutes mes souffrances sont une aide pour me faire avancer sur le chemin.

Pour autant, si c’est possible, nous devons veiller à ne pas engager nos énergies spirituelles directement dans la guérison de notre corps, notre esprit et nos émotions. Cette guérison nous sera donnée de surcroît. Car chercher spirituellement une guérison peut nous couper de notre possibilité de nous ouvrir à la pureté du monde de l’Infini. Pendant un processus de transformation spirituelle, nous devons lâcher-prise sur nos désirs et attentes, quels qu’ils soient. Ne rien rechercher pour toucher le Tout. Aussi, ce n’est pas la fonction du spirituel de nous guérir, mais assurément il y participe de surcroît.

https://www.youtube.com/watch?v=RhH1bNlc2dk

Apport de la souffrance dans une quête spirituelle

La souffrance fait partie intégrante du voyage spirituel. Au-delà même du soin, la souffrance est un carburant et un révélateur sur la voie spirituelle. Car la souffrance, dans le cadre d’une quête spirituelle, nous oblige à aller au-delà de nos pensées, de nos émotions et de notre corps. Ce processus nous amène à nous retourner intérieurement et à chercher, dans l’instant présent, une éternité rédemptrice de tous nos maux.

Réaliser la proximité (immédiate ou lointaine) de la mort, nous permet de lâcher-prise. Comprendre qu’un jour ou l’autre ce corps disparaîtra peut nous amener à réaliser que la source de la sérénité totale se trouve dans un aspect inaltérable de notre nature. Nous réalisons progressivement que réparer le corps et l’esprit n’amènera pas à cette sérénité. Néanmoins, cette démarche permet déjà de lever des obstacles qui bloquent le chemin spirituel.

Lever des obstacles par le soin ne permet pas, pour autant, à la voie spirituelle de se dérouler toute seule. Nous seuls pouvons dévoiler cette voie par les processus propres à la quête spirituelle (voir l’article L’enseignement du SAMADHI)

Les soins spirituels sont-ils une voie spirituelle ?

Il est important de ne pas confondre une lumière à travers une fenêtre et le chemin spirituel derrière la porte : une lumière à travers une fenêtre nous aide pour guérir, pour donner du sens à notre vie. Le Chemin, c’est autre chose : c’est un engagement, être prêt à tout lâcher.

Aucun soin n’apporte la spiritualité. Il permet juste, et c’est déjà beaucoup, d’enlever certains types d’obstacles, ou de nous faire découvrir certaines forces inhabituelles de notre corps.

Stéphane Morelle

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