Un cheminement spirituel est un processus complexe et mystérieux qui nous saisit et nous travaille progressivement sur tous les plans. Contrairement à ce que l’on peut imaginer au commencement, ce cheminement prend beaucoup de temps. Il est possible de distinguer trois grandes étapes à cette élaboration. Les distinguer et les comprendre est essentiel sur le long terme car cela conditionne la réalisation spirituelle finale. Le but est d’aller le plus loin possible sans s’essouffler totalement. Ces trois étapes du cheminement correspondent à la trinité : construction, destruction, stabilisation. Je vous explique.

Toute quête spirituelle repose, notamment, sur 3 processus qui vont la porter pendant l’ensemble du cheminement. Il s’agit de trois mouvements généraux qui s’ancrent dans le temps et accompagnent une myriade d’autres réalisations et compréhensions. Ces trois mécanismes sont en lien avec la création, la destruction et la stabilisation. Cette trinité se retrouve dans toutes les traditions spirituelles. Par exemple avec Brahma, Shiva, Vishnou dans l’Hindouisme, ou les trois forces de Gurdjieff (loi fondamentale ou loi de trois).

Pour la plupart

Cette trinité création, destruction, stabilisation résonne pour pléthore de phénomènes subtils de l’univers. En vérité, elle trouve sens dans la plupart des interactions que nous pouvons avoir sur le plan intérieur. Mais cette trinité est particulièrement pertinente sur le plan spirituel car elle explique ce qu’est le cheminement intérieur vu sur la longueur des années. Sur le plan spirituel nous cherchons, lâchons prise et réalisons tout au long des multiples cycles qui vont se révéler pendant notre vie. Cela correspond à des petites morts et petites renaissances : chercher, lâcher prise et réaliser sont alors la traduction de la trinité création, destruction, stabilisation. Une profonde compréhension ne se fait qu’après que nous ayons cherché des solutions puis que nous ayons abandonné une vieille connaissance pour laisser la place à une nouvelle que nous pourrons appliquer. La vie est imbrication de possibles phases en lien avec cette trinité. A nous de saisir ce mouvement pour mieux l’embrasser et grandir.

Pour les chercheurs spirituels engagés

Pour celles et ceux engagés dans une véritable sadhana la spiritualité rime avec Présence ou Conscience. Et il ne s’agit pas de connaissance mais d’être, et qui plus est rapporté au défi du quotidien. Quand nous commençons à toucher à des vérités puissantes en lien avec l’attention et la conscience, le processus de la trinité opère encore. Je crois qu’il est important de le comprendre pour nous permettre de prendre du recul par rapport à la phase que nous vivons dans l’instant. Se comprendre soi-même et les autres dans leurs différences. Ainsi au début nous sommes dans une phase de création car nos repères intérieurs évoluent. Nous goûtons par brides des éclats de puissante Présence. Nous cherchons alors à tâtons comment retrouver ce qui a été aperçu, et comment l’approfondir. En nous même, c’est un chamboulement, dans les discernements, les apprentissages, et les points d’appuis. En même temps que nous identifions ce qui résonne particulièrement pour nous dans le champs de la vie, nous choisissons d’avancer vers une direction. Cela génère forcement des petites morts, des lâchers prises, une destruction de l’ancien. Puis va arriver plus ou moins rapidement la phase de stabilisation. C’est une phase où l’on pense avoir trouvé ce que nous sommes ou du moins les outils qui vont nous soutenir dans notre cheminement. Sans que nous le réalisions, à un moment de notre quête quelque chose se pose, se stabilise et se referme d’une certaine façon. Cette fermeture intérieure permet la maturation et le développement des bases sur lesquels nous avons posé nos bagages (attentes, compréhensions …). Elle peut permettre d’aboutir à un véritable résultat si les bases et les outils étaient suffisamment justes.

Trouver le juste équilibre

Trouver le bon équilibre de la trinité dans notre cheminement. Comprendre que nous avons le pouvoir de déterminer quand nous passons à la phase de consolidation qui met un terme à la phase de création. Ici nous identifions la phase de consolidation à ce moment de notre vie où nous pensons être arrivé ou avoir goûté pleinement à l’Essentiel et qu’il ne nous reste plus qu’à approfondir tranquillement cela.

Il faut être patient dans la phase de création. Tant que nous y sommes cela peut être difficile car il y a des hauts et des bas, en lien avec les alternances de créations-destructions, lumière-nettoyage. Mais vouloir arriver trop tôt dans la phase de stabilisation n’est pas forcement une bonne chose. Certes la phase de stabilisation permet de diminuer la souffrance et l’incertitude et elle conduit vers un « état intérieur » qui d’une certaine façon nous permet de nous reposer enfin, de savourer et pouvoir se dire que l’on comprend vraiment ce monde et notre monde intérieur.

Et si nous sommes allé loin nous pouvons avoir une influence subtile sur les chose et les êtres, nous pouvons aussi enseigner le chemin parcouru avec une certaine assurance. Pour autant la phase de stabilisation nous ferme à une progression et une ouverture nouvelle. Certes nous continuons d’apprendre dans la phase de stabilisation mais il n’y aura pas de révolution intérieure à nouveau, sauf à déconstruire ce qui a été structuré et posé comme repère intérieur. Et quasiment personne n’a envie, ni la force de faire cela.

Pour autant rester trop longtemps dans la phase de création n’est pas forcement non plus une bonne chose. Au delà de 20 ans il y aura une usure ou une déformation psychique qui risque de faire échouer tout le processus spirituel.

Le rôle de l’enseignant

Il y a vraiment 2 points essentiels dans la relation à l’enseignant spirituel. Le premier point est sa capacité à valider quand nous trouvons des repères intérieurs qui vont réellement nous porter vers la bonne direction. C’est primordial sur un chemin spirituel si vaste et multiple de recevoir une certification de nos intuitions et ressentis.

Le deuxième point correspond à la capacité de l’enseignant de nous signaler quand nous sommes allé suffisamment loin pour nous stabiliser. C’est alors le moment de mettre toute sa force, non plus dans la recherche d’un plus haut, plus grand, plus vaste, plus intense, une verticale mais plutôt dans un plus long, plus longtemps et dans tous les aspects de la vie, une horizontale.

Stéphane Morelle

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