Comment se passe le cheminement spirituel ? Quel est le bateau qui nous fera traverser vers l’Autre rive ?
Avant même de discuter de techniques spirituelles se posent 2 questions : faut-il « faire » quelque chose ou cela se fait-il tout seul ? Qu’est-ce que ce « faire » ? La notion d’effort intérieur est au cœur du processus de réalisation spirituelle. C’est la question fondamentale d’une pratique spirituelle. Quel est donc l’outil le plus pertinent pour approcher la Pleine Conscience, la Présence, le Soi, le Témoin silencieux, l’Absolu, le Divin ? Effort ou non-effort. L’effort et le non-effort s’opposent-ils ? Sont-ils complémentaires ? Je vous explique tout cela.
Des moyens adaptés
La question du « faire » en spiritualité est source de malentendus. Il nous faut redéfinir plus clairement ce qui nous semble évident, à savoir, quelle est la signification du « faire ». Car même si beaucoup de personnes parlent d’efforts, trop souvent, elles ne parlent pas de la même chose.
Le cheminement spirituel demande une approche différente de notre façon de faire dans la vie ordinaire. Nous ne pouvons aborder le domaine spirituel comme nous le faisons avec nos problèmes intérieurs, qu’ils soient énergétiques ou psychiques. Nos outils de la gestion intérieure ne sauraient permettre autre chose qu’un tâtonnement et non une véritable compréhension et réalisation spirituelle. La Voie demande des moyens très spécifiques. Si nous ne prenons pas en compte cette donnée et tentons malgré tout d’avancer vers une réalisation spirituelle, nous aboutirons tôt ou tard dans une impasse.
L’ensemble des moyens spécifiques des voies spirituelles prend son appui sur deux socles fondamentaux : l’effort spirituel et le non-effort spirituel. C’est la base de tout. Le comprendre, c’est faire un immense pas.
Effort spirituel
Voyager implique un moyen de transport. La vie est toujours mouvement. Mêmes invisibles, des processus dynamiques accompagnent chaque instant de la vie, ne serait-ce que ceux biologiques. De même, pour notre cheminement intérieur, un processus est toujours à l’œuvre. Mais ce qui va changer, c’est la nature de ce processus. Pour savoir quelle est sa nature, il faut chercher sur quel plan cela se passe. Cela signifie qu’à chaque instant, nous vivons par et dans des formes d’efforts différents, parfois très éloignés les unes des autres.
Effort est un terme qui évoque pour certains, certaines : douleur, contrainte, obligation, travail pénible. En spiritualité, il faut plutôt le voir comme des choix de direction, des choix d’investissement de nos énergies. De plus, l’effort qui est demandé sur une voie spirituelle se doit d’être différent de celui de la vie ordinaire. Notamment par la notion de qualité ou d’engagement de la personne. Il faut idéalement que l’effort devienne un plaisir en soi. Un effort contraint ou forcé ne vaut rien en spiritualité. Lire pour plus d’info Méridiens et pleine conscience
Comme pour toute nouvelle chose, il faut prendre le temps de trouver ses marques et ses repères intérieurs. Investir l’effort spirituel se doit de se faire avec attention et douceur. Car cette nature différente de l’effort spirituel implique, en fait, que progressivement l’effort soit produit par autre chose que le mental. Il faut être vigilant quant à la violence du mental qui parfois impose brutalement au corps et aux sentiments des approches trop rudes. C’est l’ensemble de notre être qui devrait participer à l’effort spirituel.
Ainsi l’effort est une action qui peut être produite par différent aspect de notre fonctionnement, produisant ainsi des qualités très différentes de résultats. En spiritualité, progressivement il va y avoir une transmutation de nos énergies, de notre conscience et de notre Être qui accompagnent le changement de la nature de l’effort et vice-versa. Une pratique commence avec le mental et, progressivement, nous apprenons à mobiliser d’autres forces, par exemple le sentiment et l’êtreté.
Non-effort spirituel
Le non-effort spirituel n’est pas l’absence d’effort à une exception prés. C’est un piège à éviter à tout prix. Il ne s’agit pas, en vérité, de ne rien faire ni de laisser-aller. Le non-effort spirituel fait référence à un état intérieur très particulier. Il n’est pas possible de toucher au non-effort depuis son état habituel d’être ou de conscience, et aucune technique ne pourra changer cela. Pour autant l’effort peut prendre des formes très subtiles comme la vigilance et l’écoute à ce qui est.
Le non-effort peut être une absence d’effort dans le cas de l’Accueil total. Mais cette approche non-duelle est difficile à expérimenter véritablement. Elle donne accès assez rapidement à une conscience élargie en lien avec l’astral mais pas forcement avec l’Absolu (Présence à Cela). Lire pour plus d’info : https://stephane-morelle-meditation.com/sommes-nous-deja-eveilles/
Le non-effort peut être, comme ici, conceptualisé, mais il faut bien comprendre que, comme pour la Présence, il n’a de pertinence que quand il est vivant. Cela signifie que le non-effort est quelque chose de changeant auquel on doit s’ouvrir et s’adapter. Aucune méthode ne saurait nous guider automatiquement vers cette expérience, même si nous y avons goûté par le passé. Car soit vous y êtes, soit vous n’y êtes pas, même si toutes les conditions en vous s’y prêtent.
Le non-effort, une notion sacrée.
Cela signifie qu’il ne faut pas considérer à la légère cette notion. Le non-effort appartient à un domaine sacré dans le sens où nous ne pouvons le saisir ou nous l’approprier comme un simple objet. Manquer de respect à cet aspect est un obstacle à son expérimentation. Le considérer comme une technique ou quelque chose que l’on peut commander à souhait est une erreur d’appréciation classique au début du Chemin. Cela est révélé en nous quand les conditions intérieurs le permettent. A force de pratique, le non-effort peut devenir plus fluide, presque une « normalité » de fonctionnement. Mais il ne nous appartient pas plus pour autant. C’est en fait nous, qui devenons plus Cela, cette Conscience illimitée. Un plan où le non-effort est naturel et spontané.
Technique et réalisation.
Il existe différentes techniques pour nous faire éprouver les notions d’effort et de non-effort. Ce qui est essentiel à comprendre, c’est que pour le non-effort, toute technique n’est que le doigt qui montre la lune. Le véritable non-effort se révèle grâce à la Présence qui ne saurait être commandée, invoquée selon notre bon vouloir. Il s’agit d’autre chose. Les techniques peuvent au mieux ouvrir une brèche, qui l’espace d’un instant peuvent nous faire avancer vers ce que cela pourrait être. Mais la plupart du temps, ces techniques doivent être intégrées sur un long processus de pratiques pour qu’elles portent leurs fruits. Un résultat rapide est souvent signe d’illusion du mental. Celui-ci a tant besoin de capter quelque chose.
Couple yin/yang : effort / non-effort
Dès le départ, il nous faut intégrer la valeur du couple effort / non-effort. Car en pratique, c’est de cette intégration que va dépendre les résultats d’une sadhana. Certes, les efforts avec la concentration sont très importants, mais le premier but de l’aspirant est la Présence. Car c’est elle qui donne un véritable sens à sa pratique, c’est elle qui est le moteur le plus puissant pour nous inciter à aller au-delà du par-delà. Et cette Présence est en lien avec le non-effort.
La difficulté est que, pour comprendre la valeur et les limites du couple effort / non-effort, il faut pratiquer. Vouloir conceptualiser ou essayer de comprendre à partir de ses pratiques antérieurs est une illusion. Seule la pratique peut nous permettre d’appréhender et de révéler cette dimension. C’est l’expérience, qui permet d’échapper suffisamment au mental et à ses représentations. C’est la pratique qui nous fait appréhender le moment où il faut lâcher un peu l’effort spirituel pour s’ouvrir au non-effort. Ou quand le non-effort nous saisit tout entier et qu’il faut alors se donner entièrement à lui.
Il s’agit, ici aussi, d’un subtil équilibre qui nécessite souvent une aide extérieure pour en valider la pertinence.
Pour plus d’infos regarder Effort et non effort dans une voie spirituelle
Stéphane Morelle
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